Objectif: Déterminer les phénotypes sensoriels associés à la neuropathie périphérique induite par le taxane dans une population de personnes atteintes de cancer du sein, selon qu’elles présentent des symptômes de neuropathie ou non, afin de déterminer les cibles futures pour la prise en charge de la douleur axée sur les mécanismes.Méthodes: Participants (n = 48) atteints d’un cancer du sein de stade I-III. Des questionnaires d’auto-évaluation et des tests sensoriels quantitatifs ont été utilisés pour évaluer les symptômes sensoriels. À l’aide de la version d’auto-évaluation de l’outil d’évaluation des symptômes et des signes de la douleur neuropathique de Leeds (S-LANSS), les groupes ont été divisés en phénotypes sensoriels avec neuropathie et sans neuropathie. Au total, cinq visites échelonnées sur une période d’environ huit mois ont permis d’évaluer chaque participant avant le début de la chimiothérapie jusqu’à six mois après le début de celle-ci.Résultats: 191 évaluations des nerfs, parmi lesquelles 150 participantes ont obtenu une note < 12 pour le S-LANSS, définis comme «sans neuropathie », tandis que 41 participantes ont obtenu une note > 12, définie comme « avec neuropathie ». L’échelle numérique d’évaluation de la douleur a été analysée sur la base du pourcentage de participantes éprouvant une douleur égale ou supérieure à 1 (note de 1/10 ou plus) comparativement à aucune douleur. 82,9 % des patientes du groupe avec neuropathie éprouvaient une douleur égale ou supérieure à 1 comparativement à 28,7% pour le groupe sans neuropathie (RR = 7,49, CI 95 % 2,76-20,3, p = 0,001). Le groupe avec neuropathie a fait état d’une altération du fonctionnement selon le questionnaire DASH (p = 0,002). Des différences significatives ont été observées en ce qui concerne le seuil de la douleur thermique pour la main gauche, mais pas pour la main droite dans le groupe avec neuropathie (p = 0,05). Aucune autre donnée quantitative portant sur la sensibilité aux températures chaudes, tièdes ou froides, ou encore à la vibration, n’a révélé de différences sensorielles entre les groupes.Conclusions: On a constaté peu de différences entre les profils sensoriels mesurés par les tests sensoriels qualitatifs. Les seuils de douleur thermique ont été normalisés, ce qui indique probablement le maintien du fonctionnement des fibres de C et du TRPV1 chez le groupe avec neuropathie. Des différences significatives ont été observées chez les personnes souffrant de douleur neuropathique, dont une augmentation de la douleur et une diminution du fonctionnement.